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se proposoit de lui donner la direction de toutes les manufactures de France, s’il etoit resté en place. M. D’Antic se retrouve dans l’embarras, charge d’une femme et de quatre enfans, avec une patrimonie charge dé dettes criardes. Des gens que je crois de votre connoissance lui ont fait des offres tres avantageuses, M. Hutton, chef des Freres Moraves, et M. Johnson, pour 1’attirer en Angleterre, M. De Valtravers pour l’attacher à l’Electeur Palatin; d’autres font des projets pour le fixer icy, d’autres enfin voudroient le faire passer en Espagne. Mais je l’ai absolument decidé à vous donner la preference, si vous pouvez lui faire un sort convenable. Il ne peut s’engager à passer au nouveau monde, à moins qu’on ne lui compte avant que de partir, vingt mille ecus de France, faisant deux mille cinq cent livres sterling, pour liquider ses biens, et assurer l’etat a sa famille. S’il obtient cela, il partira immediatement; une horde d’ouvriers de tous les genres s’empressera de le suivre, et on peut en quelque sorte assurer que cette seule transmigration avanceroit tous les arts d’un siecle en votre patrie. Je vous envoye cy joint un petit memoire dressé de concert avec lui.

Un autre homme qui ne vous seroit gueres moins utile, est plus qu’a moitée determine a passer en Amerique, pour y etablir une manufacture d’armes telle qu’il n’y en à point en Europe, si vous pouvez lui faciliter les moyens d’y passer avec sûreté. Il est riche; il est extremement au fait de cette fabrication; il est me content de la cour; c’est M. De Monticu cy-devant entrepreneur de la manufacture royale des armes de St. Etienne en. forez, qui a été impliqué dans le fameux procés de M. De Bellegarde, Inspecteur-General d’artillerie, son beau frere. Cet honnête homme a tout prêts deux petits navires à lui, vingt-deux petites pieces de canon de campagne de bronze, tout fondu, et les matieres tous preparées pour une centaine de plus. II embarqueroit avec lui tous les outils et les materieaux necessaires; et tous ceux qui ont travaillé sous lui le suivroient en foule vous n’avez qu’a parler, et m’indiquer comment vous assureriez son passage, où il devroit se porter, et quelles facilités on lui procureroit pour tous ses etablissemens.

D’apres les conversations que nous avons eu ensemble, il a fait une autre speculation pour forcer le passage au travers de toutes les croisières de la marine Angloise, si les Colonies pouvoient fournir à une avance de deux ou trois millions argent de France, pour une expedition aussi decisive. Je vous envoye cy joint le memoire qu’il a dressé à ce sujet.

D’autre part j’ai reflechi aux moyens de subvenir à tant de depenses dans lesquelles votre Republique naissante se trouve engagée.

Le paquet de M. Penet m’a annoncé, il y a deja six semoines, (ce 19 Juin, 1776,) contenant des cartes de vos Colonies, des plans, des brochures, une lettre de vous et une de M. Rush, ne m’est point encore parvenu; mais j’ai reçu, lu et relu le contrat en parchemin passé entre le Comité Secret du Congrès d’une part, et Messrs. Pliarne, Penet, et Comp., de l’autre, avec les instructions du même Comité aux mêmes Commissionaires. Sur ces piece authentiques, M. Penet m’a donné tous les eclaircissemens que je pouvois desirer, et m’a d’etaillé ses divers projets d’operations, qui m’ont para judicieux et bien combinés. Je l’avois fait revenir de Nantes pour le presenter secretement à Mons. le Comte de V., Ministre des Affaires Etrangeres, qui vouloit le questioner sur l’etat de vos Colonies; il est reparti quelquez jours après, mais dans cet intervalle nous avions de nouveau concerté nos demarches ulterieures.

En consequence, j’ai pris des arrangemens avec la compagnie des fermièrs generaux pour leur fournir directement par commission des Colonies unies, la provision de tabac necessaire à la consommation annuelle de ce royaume qu’ils tiroient cy devant par la voye de l’Angleterre en economisant de part et d’autre ce que les douanes et les marchands de la Grande Bretagne gagnoient tant sur les vendeurs Americains que sur les acheteurs François. J’ai été extremement satisfait de la franchise avec la quelle les fermiers generaux chargés de cette partie ont traité avec moi, en m’ouvrant tous leurs livres, et me montrant leurs factures en original.

J’ai proposé à M. de S., Ministre de la Marine, de lui fournir des farines et biscuits de mer, des bois de construction pour les navires (et par la suite du merrain pour le tonnelage) du chanvre, du goudron, &c. Il m’a assurè qu’il nc s’informeroit point d’ou je les tirerois, pourvu que je lui en procure à des prix raisonables; et que je pouvois prendre mes arrangemens en consequence.

Mais je ne vous dissimulerai point que j’ai trouvé ce Ministre prevenu de quelques idées mercantiles qu’il m’a fallu combattre, et dont j’aurai de la peine à le faire revenir, parce qu’elles lui ont été suggerees par les gens qui sont reputes les plus au fait du commerce, et qui ont, on croyent avoir interèt à entretenir les anciens prejugés à cet egard. Je l’ai cependant un peu ebranlé, il m’a charge de developer dans un petit memoire par ecrit mes idées particulieres sur les articles en quoi nous differons le plus; il donnera ce memoire à discuter a quelques habiles negocians, ou aux Deputes du Commerce; apres quoi il pesera definitivement les raisons de part et l’autre. Je joindrai icy une copie de ce memoire, lorsque je l’aurai fait voir. J’ai pris des instructions de divers commerçans, pour la traite des grains, des pelleteries, des indigos, des fanons et blancs de baleine, et generalement de toutes les denrées et productions de votre sol, et nous pouvons nous flatter de vous en faire tirer un meilleur parti que vous n’avez jamais fait.

Je suis encore plus assuré de pouvoir vous procurer en

himself under difficulties, being encumbered with a wife and four children, as well as a patrimony loaded with clamorous debts. Gentlemen, whom I believe of your acquaintance, have made him very advantageous offers: Mr. Hutton, chief of the Moravian Brethren, and Mr. Johnston, to draw him to England; Mons. Voltravers to attach him to the Elector Palatine; others form projects to fix him here; others, in fine, would have him go into Spain; but I have absolutely fixed him to give you the preference, if you can provide a suitable condition for him. He cannot engage to pass over into the New World, unless you can advance him here twenty thousand crowns of France, making two thousand five hundred pounds sterling, to clear his goods, and to secure the condition of his family. If he obtains that, he will immediately set off. A harvest of workmen of all sorts will press to follow him; and you may be certain in a manner that this single transmigration would advance all the arts an age in your country I send you herewith a small memorial, drawn up in company with him.

Another person, who would be scarce less useful to you, is more than half determined to go over to America, to set up there a manufacture of arms, such as is not in Europe, if you can promote means of passing him with security. He is rich; he is extremely expert in his branch; he is discontented with the Court: it is Monsieur De Monticu, formerly undertaker of the Royal manufacture of arms at St. Stephens, in the Forrest, who has been involved in the famous lawsuit with Mr. Bellegarde, Inspector-General of Artillery, his brother-in-law. This worthy man has ready two small ships of his own, twenty-two finished brass field-pieces, and materials ready for one hundred more. All those who have worked under him would follow him in a crowd. He would take with him all the necessary tools and materials. You have only to speak, and to show how you could secure his safe passage, to what place he should proceed, and what aids could be given to him in his several establishments. After our several conversations together, he formed another speculative plan, for forcing a passage through all the cruisers of the English marine, if the Colonies could advance two or three millions of francs for such a decisive expedition. I send you herewith the memorial which he drew up upon that subject. On another hand, I have reflected on methods of supporting so many expenses as your rising Republick is engaged in.

The packets which Mr. Penet mentioned to me, have not come to hand in six weeks, (this 19th of June,) which contains charts of the Colonies, plans, pamphlets, a letter from you, and another from Mr. Rush. But I have received, and have several times read, the contract in parchment passed between the Secret Committee of Congress on one part and Messrs. Pliarne, Penet, & Co., on the other part, with the instructions of the same Committee to the said Commissioners. Upon these authentick proofs Mr. Penet has given all the explanations which I could desire, and has laid before me his various projects of operation. These appear to me judicious and well concerted. I made him return from Nantes, that I might present him secretly to Mons. the Count de V., Minister for Foreign Affairs, who wanted to examine him upon the affairs of your Colonies. He returned some days after, but in the interval we determined together upon further steps to be pursued. In consequence, I have made arrangements with the Company of Farmers-General to furnish them directly by commission from the United Colonies with the necessary provision of tobacco for the annual consumption of this kingdom, which they drew heretofore by the way of England; thereby saving, on one hand and the other, all that the custom-house and the merchants of Great Britain gained, as well upon the American sales as upon the French purchasers. I was extremely satisfied at the frankness with which the Farmers-General, appointed on this occasion, treated with me, opening all their books and showing me the original entries. I have proposed to Mons. de S., Minister of the Marine, to furnish meal and sea biscuit, timber for ships, (and, in course, lumber for cooperage,) flax, pitch, tar, &c. He assured me that he should not examine where I procured them for him, provided I did it, and for a reasonable price; and that I might take my steps in consequence. But I will not dissemble or conceal from you that I have found this Minister under some mercantile prejudices, which I must combat, and from which I shall find some difficulty to recover him, because they have been suggested to him by such as are reputed to be the most skilful merchants, and who have, or think they have, an interest in maintaining ancient prejudices on such points. I have, however, shaken him a little. He has directed me to throw out, in a small written memoire, my particular ideas upon those articles whereon we differ most; he will give this memoire for the discussion of some skilful merchants, or the Deputies of Commerce; after which he will weigh definitively the reasons on one side and the other. I shall join herewith that memoire, when I shall have shown it to him.

I have taken the advice of many trading people for a treaty for grain,

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